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La chute de la Maison Usher (Partie 5)
La falo de la Uŝero-Domo (Parto 5)

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J'ai dit un mot de l'état morbide du nerf acoustique qui rendait pour le malheureux toute musique intolérable, excepté certains effets des instruments à cordes. C'étaient peut-être les étroites limites dans lesquelles il avait confiné son talent sur la guitare qui avaient, en grande partie, imposé à ses compositions leur caractère fantastique. Mais, quant à la brûlante facilité de ses improvisations, on ne pouvait s'en rendre compte de la même manière. Il fallait évidemment qu'elles fussent et elles étaient, en effet, dans les notes aussi bien que dans les paroles de ses étranges fantaisies, - car il accompagnait souvent sa musique de paroles improvisées et rimées, - le résultat de cet intense recueillement et de cette concentration des forces mentales, qui ne se manifestent, comme je l'ai déjà dit, que dans les cas particuliers de la plus haute excitation artificielle. D'une de ces rapsodies je me suis rappelé facilement les paroles. Peut-être m'impressionna-t-elle plus fortement, quand il me la montra, parce que, dans le sens intérieur et mystérieux de l'œuvre, je découvris pour la première fois qu'Usher avait pleine conscience de son état, - qu'il sentait que sa sublime raison chancelait sur son trône. Ces vers, qui avaient pour titre Le Palais hanté, étaient, à très-peu de chose près, tels que je les cite :

Mi ĵus parolis pri tiu morba stato de la aŭdnervo kiu netolerebligis al la suferanto ĉiun muzikon, krom kelkaj efektoj de kordinstrumentoj. Estis, eble, la mallarĝaj etendoj al kiuj li sin limigis sur la gitaro kiuj naskigis, grandaparte, la fantazian karakteron de liaj prezentadoj. Sed la arda facileco de liaj improvizadoj maleksplikeblis. Ili fontis, verŝajne, kaj en la notoj kaj en la vortoj de liaj strangaj fantaziaĵoj (ĉar ne malofte li sin akompanis per vortrimaj improvizaĵoj) el tiuj intensaj mensaj sinatento kaj koncentrado kiujn mi menciis antaŭe, observeblajn, laŭ mia diraĵo, nur dum apartaj momentoj de la plej alta artefarita ekscitiĝo. La vortojn de unu el tiuj rapsodioj mi facile memoras. Ĝi imponis al mi des pli forte, eble, tia kian li ĝin havigis al mi, ĉar en la suba aŭ mistika fluo de ties signifo mi kredis percepti, kaj je la unua fojo, plenan konscion ĉe Uŝero pri la ŝanceliĝado de lia altnivela racio sur ties trono. La versoj, kiuj titoliĝis "La Hantita Palaco," tekstis proksimume, se ne laŭvorte, jene:

Dans la plus verte de nos vallées,
Par les bons anges habitée,
Autrefois un beau et majestueux palais,
- Un rayonnant palais - dressait son front.
C'était dans le domaine du monarque Pensée,
C'était là qu'il s'élevait !
Jamais Séraphin ne déploya son aile
Sur un édifice à moitié aussi beau.

Des bannières blondes, superbes, dorées,
À son dôme flottaient et ondulaient;
(C'était, - tout cela, c'était dans le vieux,
Dans le très vieux temps)
Et, à chaque douce brise qui se jouait
Dans ces suaves journées,
Le long des remparts chevelus et pâles,
S'échappait un parfum ailé.

En la plej verda el niaj valoj,
De bonaj anĝeloj enloĝata,
Foje bela kaj eleganta palaco -
Radianta palaco - levis la kapon.
En la dominio de monarko Penso -
Ĝi staris tie!
Neniam serafo etendis flugilon
Super teksaĵo eĉ duone tiel bela.

Standardoj flavaj, gloraj, orkoloraj,
Sur ties tegmento flirtis kaj ŝvebis;
(Tio - ĉio tio - okazis en la antikva
Tempo de multantaŭaj tagoj)
Kaj ĉiu delikata venteto kiu lantis,
En tiu dolĉa tiamo,
Laŭ la remparoj, plumhava kaj pala,
Foriris estiĝinte flugilhava odoro.

Les voyageurs, dans cette heureuse vallée,
À travers deux fenêtres lumineuses, voyaient
Des esprits qui se mouvaient harmonieusement
Au commandement d'un luth bien accordé,
Tout autour d'un trône, où, siégeant
- Un vrai Porphyrogénète, celui-là ! -
Dans un apparat digne de sa gloire,
Apparaissait le maître du royaume.

Et tout étincelante de nacre et de rubis
Était la porte du beau palais,
Par laquelle coulait à flots, à flots, à flots,
Et pétillait incessamment
Une troupe d'Échos dont l'agréable fonction
Était simplement de chanter,
Avec des accents d'une exquise beauté,
L'esprit et la sagesse de leur roi.

Vagpromenantoj en tiu feliĉa valo
Tra du brillumaj fenestroj vidis
Spiritojn moviĝantajn muzike
Laŭ bone agordita liutleĝo,
Ĉirkaŭ trono, kie sidante
(Nova Porfirio!)
En majesteco konforma kun lia gloro,
Videblis la estro de la regno.

Kaj tute perl- kaj rubenbrila
Estis la bela palacopordego,
Tra kiu alvenis fluante, fluante, fluante
Kaj senĉese scintilante,
Eĥoaro kies sola plaĉa
Tasko estis laŭdkanti,
En voĉoj de supera beleco,
La spriton kaj la saĝecon de sia rego.

Mais des êtres de malheur, en robes de deuil,
Ont assailli la haute autorité du monarque.
- Ah! pleurons! car jamais l'aube d'un lendemain
Ne brillera sur lui, le désolé! -
Et, tout autour de sa demeure, la gloire
Qui s'empourprait et florissait
N'est plus qu'une histoire, souvenir ténébreux
Des vieux âges défunts.

Et maintenant les voyageurs, dans cette vallée,
À travers les fenêtres rougeâtres, voient
De vastes formes qui se meuvent fantastiquement
Aux sons d'une musique discordante ;
Pendant que, comme une rivière rapide et lugubre,
À travers la porte pâle,
Une hideuse multitude se rue éternellement,
Qui va éclatant de rire, - ne pouvant plus sourire.

Edgar Allan Poe
Traduit par Charles Baudelaire

Sed malicaĵoj, en roboj de malĝojo,
Atakis la altan bienon de la monarko;
(Ho, ni lamentu, ĉar neniam nova mateno
Tagiĝos super li, ĉagrenito!)
Kaj, ĉirkaŭ lia loĝejo, la gloro
Kiu ruĝiĝis kaj ekfloris
Estas nur malhele memorita legendo
Pri enterigitaj tempoj.

Kaj hodiaŭaj vojaĝantoj en tiu valo,
Tra la ruĝlumaj fenestroj, vidas
Vastajn formojn kiuj moviĝas fantazie
Laŭ disonanca melodio;
Dum, kvazaŭ rapida makabra rivero,
Tra la pala pordego,
Malbelega estaĵaro elhastas senĉese,
Kaj ridas - sed ne plu ridetas.

Edgar Allan Poe
Tradukis Edwin Grobe
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