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Republika Srpska

Après plusieurs semaines de reportage en ex-Yougoslavie, le photographe Aulne Boniface publie ici quelques vues de son travail.

Cherchant à parler d'une société, il y a des angles qui, à mesure qu'on les explore, nous offrent beaucoup de matière tant sur l'homme que sur l'espace qu'il habite. En Republika Srpska comme dans le reste de la Bosnie-Herzégovine, il y a la religion. Il y a l'organisation de la politique, il y a l'éducation, la famille et l'école, il y a l'Histoire et les histoires, il y a le culinaire et les spiritueux, il y a les chômeurs qui cherchent à garder leur dignité qui semble inscrite au fond de petits verres vides, il y a les pratiques déformées de la prostitution, il y a la peur du mariage, il y a la couleur du papier peint ou la taille des loups qui parfois remontent la rue commerçante. Mais en photographie les justifications s'effacent souvent face aux opportunités, puis l'on justifie les opportunités pour que l'esprit de cohérence qui sévit chez les hommes ne nous travaille pas l'esprit. Ici il n'y a pas eu d'angle d'attaque particulier mais une ouverture de rigueur sans cesse dans le questionnement.

Post kelkaj semajnoj da raportado en eks-Jugoslavio, la fotografisto Aulne Boniface diskonigas tie ĉi kelkajn vidaĵojn de sia laboro.

Strebante paroli pri socio, estas anguloj, kiuj, laŭgrade, kiel oni ilin esploras, ofertas multe da materialo tiom pri la homo kiom pri la spaco, kiun li enloĝas. En Republika Srpska same kiel en la cetera Bosnio-Hercegovino, estas religio, estas politika organizado, estas edukado, estas familio kaj lerneja sistemo, estas Historio kaj historioj, estas kuirarto kaj alkoholaĵoj. Estas senlaboruloj, kiuj penas por konservi sian dignecon ŝajne enskribitan enfunde de etaj malplenaj glasoj. Estas deformitaj kutimoj de prostituado, estas timo de edziĝo, estas koloro de tapeto aŭ staturo de lupoj, kiuj supreniras la komercan ĉefstraton. Sed en fotografado la pravigoj ofte foriĝas fronte al la okazoj, sekve oni pravigas la okazojn, por ke la koheremo, kiu regas ĉe la homoj, ne tro turmentu onian spiriton. Tie ĉi, ne estis aparta angulo de celado sed malfermemo senĉese necesa en la cerbumado.

Un professeur de campagne résume la difficulté de construire une paix nouvelle et riche dans un pays où vivent 'des peuples incompatibles' (Crédits photographiques : Aulne Boniface)

Cet hiver à Nevesinje la glace et la neige recouvrent les alentours. Base militaire majeure et ville centrale d'une campagne rude, son canton se situe sur un plateau désertique à quelques kilomètres au-dessus de Mostar. Après la guerre, les habitants musulmans et orthodoxes de ces deux villes se sont échangé, parfois à l'amiable, leurs habitations pour que chacun vive dans la communauté pour laquelle il s'était battu, ou pour laquelle il s'était défendu. La guerre est terminée mais n'est pas oubliée, et on sent bien la force que déploie à tous les niveaux le peuple serbe pour tenter d'exister en tant que culture dans une forme assez pure, à l'heure où ses professeurs d'histoire ou leaders socialistes pensent qu'intégrer l'Europe est la seule chose qu'il manque à ce pays. C'est dans cette volonté qu'ils tentent de tous leurs cœurs et corps de rester unis à ce à quoi ils pensent être arrachés depuis toujours, et dont ils voient avec souffrance et fierté des morceaux traverser frontières et télévisions : leur âme serbe.

Aulne Boniface

Ĉi-vintre en Nevesinje glacio kaj neĝo kovras la ĉirkaŭaĵojn. Grava milita bazo kaj centra urbo de malmilda kamparo, ĝia teritorio situas sur dezerta altebenaĵo je kelkaj kilometroj super Mostar. Post la milito, la islamanaj kaj ortodoksaj loĝantoj de ambaŭ urboj interŝanĝis siajn domojn, kelkfoje interkonsente, por ke ĉiu vivu en la komunumo por kiu li batalis aŭ por kiu li sin defendis. La milito estas finiĝinta sed ne forgesita, kaj oni ja sentas la forton, kiun la serba popolo ĉiunivele disvolvas por provi ekzisti kiel kulturo sufiĉe pura, dum ĝiaj profesoroj pri historio kaj ĝiaj socialistaj ĉefoj pensas, ke eniĝi Eŭropon estas la nura farendaĵo, kiu mankas al tiu lando. Kun tia volo ili tutkore kaj tutkorpe klopodas resti kunligataj kun tio, de kio ili pensas esti elŝiritaj de ĉiam, kaj kies pecojn ili sufere kaj fiere vidas trairi landlimojn kaj televidojn : ilia serba animo.

Aulne Boniface
Tradukis Guillaume Roussel
Communauté et orthodoxie: le pope, figure d'autorité, marié et père de trois enfants, montre que les chemins du bonheur, de la morale, de la stabilité politique et familiale ne font qu'un (Crédits photographiques : Aulne Boniface)

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