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Un royaume déchiré
Ŝirita reĝlando

Le Népal vit depuis 1996 une guerre civile opposant l'armée royale aux insurgés maoïstes. Le conflit, qui a fait près de 13 000 morts, a scindé le pays en deux.

Si la guérilla du Parti communiste népalais-maoïste, mené par Pushpa Dahal, a lancé ses premières attaques contre le régime monarchique dès 1996, sous le règne du roi Birendra, la situation politique s'est particulièrement envenimée à la suite du 1er juin 2001. Ce jour-là, en plein repas, le prince héritier Dipendra décime la famille royale, avant de retourner l'arme contre lui. Son oncle Gyanendra, absent au moment du carnage, est le seul héritier du défunt roi. Derrière cet apparent "coup de folie meurtrière", beaucoup voient en réalité un coup d'État.

Le nouveau roi n'a cessé d'étendre son contrôle sur les institutions gouvernementales et judiciaires, jusqu'à la dissolution pure et simple du Parlement, le 1er février 2005. Depuis, le pays s'enfonce dans une guerre civile meurtrière pour le peuple népalais, pris en tenaille entre les maoïstes et l'armée royale.

Nepalo travivas de 1996 enlandan militon inter la reĝa armeo kaj la maoistaj ribelantoj. La konflikto, kiu kaŭzis proksimume 13 000 mortintojn, distranĉis la landon en du partojn.

La gerilo de la Nepala-maoista komunista partio, kondukita de Pushpa Daha, ja lanĉis siajn unuajn atakojn kontraŭ la monarka reĝimo ekde 1996, sub la regado de la reĝo Birendra, sed la politika situacio aparte malboniĝis post la 1a de junio 2001. Tiun tagon, meze dum manĝo, la kronprinco falĉis la reĝan familion antaŭ ol aldirekti la armilon al si mem. Lia onklo Gyanendra, forestanta dum la buĉado, estas la sola heredonto de la forpasinta reĝo. Malantaŭ tiu laŭaspekta "murda ekfreneziĝo", multaj fakte vidas puĉon.

La nova reĝo neniam ĉesis plivastigi sian kontrolon super la registaraj kaj juĝaj instancoj, ĝis la tutsimpla dissolvo de la Parlamento, la 1an de februaro 2005. De tiu tempo, la lando enmergiĝas en enlandan militon mortigan por la Nepala popolo, entenajligita inter la maoistoj kaj la reĝa armeo.

Les maoïstes népalais ont étendu la révolution à plus de 60% du pays (Crédits photographiques : PCR-CO)

Le Royaume du Népal est peuplé de 27 millions d'habitants. Seuls 42% d'entre eux sont alphabétisés. Le pays est au 143e rang de l'indice de développement humain. 35% du pays est à moins de 1000 mètres d'altitude, 25% entre 1000 à 2 000 mètres, 30% entre 2000 à 5000 mètres et 10% à plus de 5000 mètres. Le point culminant est l'Everest, à 8848 mètres, à la frontière avec la Chine.

Retranchements. Selon François Thibault, membre du mouvement canadien Parti communiste révolutionnaire-comités d'organisation, "les maoïstes népalais ont étendu la révolution à plus de 60% du pays et ont poussé le roi dans ses derniers retranchements". "Ils sont en bonne voie pour prendre Katmandou et sa vallée, la seule région où le monarque a encore un véritable pouvoir", se réjouit le militant, qui, en novembre dernier, est allé aider les maoïstes à construire une route, à leur invitation.

Deux régimes irréconciliables cohabitent tant bien que mal au Népal, au rythme de négociations souvent rompues entre les partis parlementaires, le gouvernement royal et les insurgés. Les maoïstes, très présents dans l'ouest du pays et dans les montagnes, ont mis en place une autorité autonome, qu'ils appellent le "gouvernement du peuple de la république du Magarat". L'armée du roi Gyanendra et sa garde rapprochée restent cantonnées dans la capitale et ses environs.

Defendejoj. Laŭ François Thibault, membro de la kanada movado Revoluciema komunista partio (organizaj komitatoj), "la Nepalaj maoistoj disvastigis revolucion ĝis pli ol 60% de la lando kaj forpelis la reĝon en liajn lastajn fortikaĵojn". "Bone progresis ilia strebon preni Katmanduon kaj ties valon, la solan regionon, kie la monarko plu havas veran potencon", ĝojas la aktivulo, kiu pasintnovembre iris helpi la maoistojn por konstrui vojon, sekve de ilian inviton.

Du neakordigeblaj reĝimoj bone-malbone kunloĝas en Nepalo, ritme de ofte rompitaj traktadoj inter la parlamentaj partioj, la reĝa registaro kaj la ribelantoj. La maoistoj, multnombre ĉeestantaj en okcidento de la lando kaj en montaroj, ekstarigis autonoman potencon, kiun ili nomas "popola registaro de respubliko Magarat". Aliflanke, la armeo de la reĝo Gyanendra kaj lia proksima gardistaro kantonmentas en la ĉefurbo kaj ties ĉirkaŭaĵoj.

"Les partis politiques et les gouvernements qui se sont succédé ont démontré une immaturité profonde et une incapacité à accorder leurs violons pour le bien du peuple, en gardant à l'esprit leurs propres intérêts", souligne l'ancienne coopérante volontaire au Népal Johanne Fortin.

Si les organismes d'aide humanitaire parlent de violations des droits de l'homme exercées par les deux protagonistes, François Thibault, lui, voit plusieurs améliorations des conditions de vie des Népalais au sein des bastions révolutionnaires. "Les maoïstes ont aboli le système de castes, propre à l'hindouisme, qui divisait la population en différentes classes sociales. Ils prônent l'égalité entre femmes, hommes et communautés ethniques, ils ont mis des écoles sur pied afin d'éduquer le peuple, ils ont nationalisé les terres agricoles... et ils sont en train de construire une route que les gens demandent depuis plus de cinquante ans", explique-t-il.

Johanne Fortin donne un tout autre son de cloche. "Le sort de certains s'est certes amélioré dans quelques villages, mais les maoïstes ne respectent pas les droits de l'homme, l'intégrité physique des gens, la liberté d'expression et le droit international. Ils enlèvent des villages et des écoles au grand complet et endoctrinent la population dans leurs camps", explique l'avocate de formation, qui a fait un séjour humanitaire au Népal de 2003 à 2005.

"La politikaj partioj kaj la sinsekvaj registaroj elmontris profundan nematurecon kaj nekapablecon agordiĝi por la bono de la popolo, ili konservis en sian kapon siajn proprajn interesojn", substrekas Johanne Fortin, eksa bonvola kunlaborantino en Nepalo.

Se la homhelpaj organizaĵoj parolas pri perfortoj de homaj rajtoj faritaj de la du roluloj, François Thibaut, male, vidas plurajn plibonigojn de la vivkondiĉoj de la Nepalanoj ene de la revoluciemaj bastionoj. "La maoistoj aboliciis la kastsistemon, propran al hinduismo, kiu disdividas la loĝantaron en diversajn sociajn klasojn. Ili rekomendas egalecon inter virinoj, viroj kaj etnaj komunumoj, ili starigis lernejojn por eduki la popolon, ili naciigis agrojn... kaj ili estas konstruantaj vojon, kiun homoj petas de pli ol kvindek jaroj", li klarigas.

Johanne Fortin tute alie raportas: "La kondiĉoj de kelkaj ja pliboniĝis en kelkaj vilaĝoj, sed la maoistoj ne respektas homajn rajtojn, fizikan integrecon de homoj, liberecon de esprimado kaj internacian juron. Ili forkaptas tutajn vilaĝojn kaj lernejojn kaj endoktrinigas la loĝantaron en siajn tendarojn", klarigas la finstudinta advokatino, kiu homhelpcele restadis en Nepalo de 2003 ĝis 2005.

Taxes. D'après elle, les maoïstes entravent souvent le travail des ONG. "Les acteurs engagés dans l'aide au développement ont dû revoir leurs méthodes de travail, surtout dans les districts contrôlés par les maoïstes. Il n'est pas rare que les insurgés nous demandent de la marchandise ou de l'argent. Il importe de poursuivre nos activités au moment où la population en a le plus besoin." Quant à François Thibault, il considère que les maoïstes sont dans leur droit : "Ce territoire est celui du peuple libéré et le gouvernement de la république populaire a toute légitimité pour y percevoir des taxes."

Johanne Fortin parle des Népalais comme d'un peuple pris en otage par deux forces armées violentes. "On ne peut pas dire que le peuple népalais soit heureux, c'est un peuple qui traverse une crise majeure. Sa condition est pire qu'avant le conflit." François Thibault n'est pas de cet avis. "J'ai travaillé avec les maoïstes. Ce sont des gens heureux, fiers des projets qu'ils entreprennent et des grandes améliorations apportées par le Parti communiste népalais-maoïste. Quant aux organismes d'aide humanitaire, ils favorisent le maintien du statu quo avec leur politique de neutralité face au conflit. Cela devient de facto un appui au régime monarchique et discriminatoire en place."

Impostoj. Laŭ ŝi, la maoistoj ofte malhelpas la laboron de la NRO. "La roluloj engaĝiĝintaj por helpo al disvolviĝo devis ŝanĝi siajn labormetodojn, ĉefe en distriktojn kontrolitaj de la maoistoj. Ne malofte la ribelantoj petas de ni varojn aŭ monon. Gravas, ke ni daŭrigu niajn agojn ĝuste kiam la loĝantaro ilin plej bezonas." Aliflanke, François Thibault konsideras ke la maoistoj laŭrajte agas. "Tiu teritorio estas tiu de la liberigita popolo kaj la registaro de la popola respubliko tute laŭleĝe povas enspezi impostojn."

Johanne Fortin priskribas la Nepalanojn kiel popolon ostaĝigitan de du perfortaj militistaroj. "Ne eblas diri ke la Nepala popolo estas feliĉa, ĝi estas popolo kiu travivas gravan krizon. Ĝia kondiĉo estas malpli bona ol antaŭ la konflikto." François Thibault ne konsentas: "Mi laboris kun la maoistoj. Ili estas feliĉaj homoj, fieraj pri la projektoj, kiujn ili entreprenas, kaj pri la grandaj plibonigoj okazigitaj de la Nepala-maoista komunista partio. Koncerne la homhelpajn organizaĵojn, ili helpas la plueston de la 'statu quo' per siaj politikoj de neŭtraleco rilate la konflikton. Tio iĝas laŭfakte apogo al la monarka kaj diskriminacia enpostena reĝimo."

Des négociations pour une nouvelle Constitution s'effectuent actuellement entre les partis politiques et les maoïstes, sans le roi. Un seul point demeure litigieux pour les deux camps. Les partis parlementaires demandent la reformation de l'Assemblée constituante telle qu'elle était avant sa dissolution, ce à quoi s'opposent fortement les maoïstes, qui n'y siégeaient pas. Pendant ce temps, le conflit perdure et c'est la population qui en fait les frais. "J'estime qu'aucune fin ne justifie l'emploi de moyens barbares et cruels tels que ceux employés par les maoïstes et l'armée, et ce même si des actions constructives et positives ayant pour but d'améliorer les conditions de vie des Népalais sont posées parallèlement à ces actes", s'indigne Johanne Fortin, renvoyant finalement les deux parties dos à dos.

Olivier Bachand (L'Esprit simple, CIPUF)

La traktadoj por nova Konstitucio nun okazas inter la politikaj partioj kaj la maoistoj, sen la reĝo. Unu sola punkto daŭre estas konfliktinda por ambaŭ tendaroj. La parlamentaj partioj petas la reestigon de la konstitucia asembleo tia, kia ĝi estis antaŭ ĝia dissolvo, kaj tion forte kontraŭstaras la maoistoj, kiuj tie ne sidis. Dumtempe, la konflikto daŭras, kaj la kostojn pagas la loĝantaro. "Mi opinias, ke neniu celo pravigas uzon de tiaj barbaraj kaj kruelaj rimedoj, kiajn uzas la maoistoj kaj la armeo, eĉ se konstruemaj kaj pozitivaj agoj, cele al plibonigo de la vivkondiĉoj de la Nepalanoj, estas faritaj paralele al tiuj agoj", indignas Johanne Fortin, fine repelanta ambaŭ partojn dorson al dorso.

Olivier Bachand (L'Esprit simple, CIPUF)
Tradukis Emmanuel Villalta

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