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La chute de la Maison Usher (Partie 2)
La falo de la Uŝero-Domo (Parto 2)

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À mon entrée, Usher se leva d'un canapé sur lequel il était couché tout de son long et m'accueillit avec une chaleureuse vivacité, qui ressemblait fort, - telle fut, du moins, ma première pensée, - à une cordialité emphatique, - à l'effort d'un homme du monde ennuyé, qui obéit à une circonstance. Néanmoins, un coup d'œil jeté sur sa physionomie me convainquit de sa parfaite sincérité. Nous nous assîmes, et, pendant quelques moments, comme il restait muet, je le contemplai avec un sentiment moitié de pitié et moitié d'effroi. À coup sûr, jamais homme n'avait aussi terriblement changé, et en aussi peu de temps, que Roderick Usher! Ce n'était qu'avec peine que je pouvais consentir à admettre l'identité de l'homme placé en face de moi avec le compagnon de mes premières années. Le caractère de sa physionomie avait toujours été remarquable. Un teint cadavéreux, - un œil large, liquide et lumineux au delà de toute comparaison, - des lèvres un peu minces et très-pâles, mais d'une courbe merveilleusement belle, - un nez d'un moule hébraïque, très délicat, mais d'une ampleur de narines qui s'accorde rarement avec une pareille forme, - un menton d'un modèle charmant, mais qui, par un manque de saillie, trahissait un manque d'énergie morale, - des cheveux d'une douceur et d'une ténuité plus qu'arachnéennes, - tous ces traits, auxquels il faut ajouter un développement frontal excessif, lui faisaient une physionomie qu'il n'était pas facile d'oublier. Mais actuellement, dans la simple exagération du caractère de cette figure et de l'expression qu'elle présentait habituellement, il y avait un tel changement, que je doutais de l'homme à qui je parlais. La pâleur maintenant spectrale de la peau et l'éclat maintenant miraculeux de l'œil me saisissaient particulièrement et m'épouvantaient. Puis il avait laissé croître indéfiniment ses cheveux sans s'en apercevoir, et, comme cet étrange tourbillon aranéeux flottait plutôt qu'il ne tombait autour de sa face, je ne pouvais, même avec de la bonne volonté, trouver dans leur étonnant style arabesque rien qui rappelât la simple humanité.

Je mia eniro, Uŝero stariĝis el sofo sur kiu li kuŝis plenlonge kaj min salutis kun vigla varmeco kiu enhavis, laŭ mia unua takso, iom troigitan afablecon - la retenitan agon de enuigita mondcivitano. Ekrigardeto tamen sur lian vizaĝon min konvinkis pri lia nepra sincereco. Ni sidiĝis kaj dum kelkaj momentoj, dum li diris nenian vorton, mi lin spektadis kun sento duonkompata, duonmira. Efektive, neniam antaŭe viro tiom multe ŝanĝiĝis en tiom mallonga periodo kiom Roderiko Uŝero! Nur malfacile mi sukcesis rekoni en la pala estaĵo sidanta antaŭ mi la kunulon de mia frua knabeco. Tamen la karaktero de lia vizaĝo estintis en ĉiuj momentoj rimarkinda. Kadavera haŭtkoloro; okuloj grandaj, likvaĵaj, preterkompare lumaj; lipoj iom maldikaj kaj ege palaj, sed havantaj belegan kurbiĝon; nazo de delikata hebrea formo, sed kun larĝeco de spirtruoj malkutima en similaj korperoj; gracie muldita mentono, indikanta pro sia manko de prominenco mankon de morala energio; hararo de pli ol retaspekta moleco kaj maldenseco; tiuj trajtoj, kun preterkutima etendiĝo super la regionoj de la tempio, kunkonsistigis vizaĝon malfacile forgesotan. Kaj nun en la nura troigo de la reganta karaktero de tiuj trajtoj, kaj de la mieno kiun ili kutimis elmontri, vidiĝis tioma ŝanĝiĝo ke mi malcertis al kiu mi parolis. La nun makabra paleco de la haŭto, kaj la nun mirakla heleco de la okuloj, antaŭ ĉio surprizis kaj eĉ mirigis min. Cetere la silkan hararon li permesintis kreski senatente, kaj dum, en sia sovaĝa filandra teksturo, ĝi ne falis, sed ŝvebis ĉirkaŭ la vizaĝo, mi malscipovis, eĉ strebegante, rilatigi tiun arabeskan mienon kun iu ajn koncepto pri simpla humaneco.

Je fus tout d'abord frappé d'une certaine incohérence, - d'une inconsistance dans les manières de mon ami, - et je découvris bientôt que cela provenait d'un effort incessant, aussi faible que puéril, pour maîtriser une trépidation habituelle, - une excessive agitation nerveuse. Je m'attendais bien à quelque chose dans ce genre, et j'y avais été préparé non-seulement par sa lettre, mais aussi par le souvenir de certains traits de son enfance, et par des conclusions déduites de sa singulière conformation physique et de son tempérament. Son action était alternativement vive et indolente. Sa voix passait rapidement d'une indécision tremblante, - quand les esprits vitaux semblaient entièrement absents, - à cette espèce de brièveté énergique, - à cette énonciation abrupte, solide, pausée et sonnant le creux, - à ce parler guttural et rude, parfaitement balancé et modulé, qu'on peut observer chez le parfait ivrogne ou l'incorrigible mangeur d'opium pendant les périodes de leur plus intense excitation.

Ce fut dans ce ton qu'il parla de l'objet de ma visite, de son ardent désir de me voir, et de la consolation qu'il attendait de moi. Il s'étendit assez longuement et s'expliqua à sa manière sur le caractère de sa maladie. C'était, disait-il, un mal de famille, un mal constitutionnel, un mal pour lequel il désespérait de trouver un remède, - une simple affection nerveuse, - ajouta-t-il immédiatement, - dont, sans doute, il serait bientôt délivré. Elle se manifestait par une foule de sensations extranaturelles. Quelques-unes, pendant qu'il me les décrivait, m'intéressèrent et me confondirent; il se peut cependant que les termes et le ton de son débit y aient été pour beaucoup. Il souffrait vivement d'une acuité morbide des sens; les aliments les plus simples étaient pour lui les seuls tolérables; il ne pouvait porter, en fait de vêtement, que certains tissus; toutes les odeurs de fleurs le suffoquaient; une lumière, même faible, lui torturait les yeux; et il n'y avait que quelques sons particuliers, c'est-à-dire ceux des instruments à cordes, qui ne lui inspirassent pas d'horreur.

En la maniero de mia amiko tujege mirigis min ioma nekohereco, ioma nekonstanteco; kaj baldaŭ mi konsciis ke tio fontas el sinsekvo da malfortaj kaj malutilaj baraktoj supervenki kutiman trepidadon - troabundan nervozan maltrankvilon. Por io de tiu speco efektive jam min pretigis ne nur lia letero, sed ankaŭ memoraĵoj pri kelkaj knabecaj trajtoj, kaj konkludoj estigitaj de liaj strangaj fizika strukturo kaj temperamento. Lia farado estis alterne viveca kaj paŭta. Lia voĉo ŝanĝiĝis rapide de trema hezitado (kiam liaj animalaj spiritoj ŝajnis stari en nepra kadukeco) al tiu speco de energia precizado - tiu abrupta, peza, senurĝa, kavernsona eldirmaniero - tiu plumba, memekvilibrita kaj sendifekte modulita guturala eldirarto kiun ni konstatas ĉe la perdita ebriulo aŭ la malrevalorigebla opimanĝanto, dum la periodoj de lia plej intensa ekscitiĝo.

Estis tial ke li parolis pri la celo de mia vizito, pri sia sincera deziro vidi min, kaj la konsolo kiun li atendis ke mi liveru al li. Li diskutis, iom longadetale, kion li konsideris esti la karaktero de lia malsano. Temis, li diris, pri konstitucia kaj familia malico pri kiu li malesperas malkovri solvon - simpla nervoza kondiĉo, li aldonis tujege, kiu baldaŭ sendube forpasos. Tio sin elmontris en arego da kontraŭnaturaj sensacoj. Kelkaj el tiuj, dum li priskribis ilin, min interesis kaj mistifikis; kvankam, eble, la terminoj kaj la ĝenerala maniero de la rakontado min surpezis. Li multe suferis pro morba akreco de la sensoj; nur la plej sensaporaj manĝaĵoj tolereblis al li; lia korpo konsentis surporti nur vestaĵojn havantajn specialan teksturon; lin ĝenis la odoroj de ĉiuj floroj; torturis liajn okulojn eĉ la plej malforta lumo; kaj nur kelkaj apartaj sonoj, tiuj de kordinstrumentoj, malsukcesis plenigi lin je hororo.

Je vis qu'il était l'esclave subjugué d'une espèce de terreur tout à fait anormale. - Je mourrai, - dit-il, - il faut que je meure de cette déplorable folie. C'est ainsi, ainsi, et non pas autrement, que je périrai. Je redoute les événements à venir, non en eux-mêmes, mais dans leurs résultats. Je frissonne à la pensée d'un incident quelconque, du genre le plus vulgaire, qui peut opérer sur cette intolérable agitation de mon âme. Je n'ai vraiment pas horreur du danger, excepté dans son effet positif, - la terreur. Dans cet état d'énervation, - état pitoyable, - je sens que tôt ou tard le moment viendra où la vie et la raison m'abandonneront à la fois, dans quelque lutte inégale avec le sinistre fantôme, - la peur !

Edgar Allan Poe
Traduit par Charles Baudelaire

De anomalia terurspecio mi taksis lin servodevigita sklavo. "Mi pereos," li diris, "devige mi pereos en tiu lamentinda frenezio. Tiel, tiel, kaj en nenia alia maniero, mi finperdiĝos. Mi timegas la eventojn de la estonteco, ne pro ili mem, sed pro iliaj rezultoj. Mi tremegas antaŭ la penso pri iu ajn okazontaĵo, eĉ la plej sensignifa, povonta estigi premon sur tiun netolereblan maltrankvilon de animo. Mi spertas, efektive, nenian malamon al danĝero, krom rilate al ties nepra rezulto - teruro. En tiu senkuraĝa - en tiu bedaŭrinda stato - mi pensas ke baldaŭ aŭ post baldaŭ alvenos la periodo kiam necesos ke mi forlasu mian vivon kaj mian mensan sanon kune, okaze de iu lukto kun la makabra fantomo: timo."

Edgar Allan Poe
Tradukis Edwin Grobe
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