AccueilNuméro 1 → Budapest

Budapest, l'Est qui change
Budapeŝto, la oriento kiu ŝanĝas

La capitale hongroise change. Ancienne victime de la dictature soviétique, la "perle du Danube" n'en finit pas, depuis la fin des années 90, de se moderniser à un rythme effréné. Entre tradition et modernité, c'est un nouveau style qu'elle entend affirmer.

L'an 2000 a sonné l'heure du changement radical pour la "Reine du Danube", "le petit Paris de l'Est". La Hongrie a toujours été tournée vers l'Ouest et l'a souvent prouvé au cours de son histoire. Dans le sang parfois. En 1956, quand les Hongrois s'opposent aux chars soviétiques. Puis en 1968 quand le "Nouveau Mécanisme Économique" lie économie planifiée et économie de marché, multipliant ainsi les partenariats avec l'Ouest. Et aujourd'hui la capitale hongroise se repoudre le nez et prépare son grand rendez-vous de mai 2004 avec l'Union Européenne.

Un pont entre Buda et Pest (Photographie : Balázs Fekete)

Budapeŝto, la ŝanĝiĝanta Oriento. La hungara ĉefurbo ŝanĝiĝas. Iama viktimo de la sovetia diktaturo, la 'Danuba Perlo' -ekde la fino de la naŭdekaj jaroj- senĉese kaj senbride moderniĝas. Inter tradicio kaj moderneco, ĝi strebas al nova stilo.

La jaro 2000 sonigis la horon de radikala ŝanĝo por la "Danuba Reĝino", "la eta orienta Parizo". Hungario ĉiam turnis sin al Okcidento kaj ofte pruvis tion dum sia historio. Eĉ sange kelkfoje. En 1956, kiam la hungaroj kontraŭstaras al la sovetaj tankoj. Poste en 1968, kiam la "Nova Ekonomia Mekanismo" ligas planitan ekonomion kaj merkatan ekonomion, tiel multigante la kunlaboradojn kun Okcidento. Kaj hodiaŭ la hungara ĉefurbo sin repudras la nazon kaj preparas sian gravan rendevuon de majo 2004 kun la Eŭropa Unuiĝo.

Une architecture moderne et miroitée

Bien sûr, on reconnaît Budapest à ses rues si particulières, son ton habsbourgeois, comme il en serait de Paris à la vue d'une simple carte postale. Mais les architectes hongrois, si nombreux, ont de la suite dans les idées. Et le résultat est une architecture moderne, miroitée, graniteuse ou marbrée.

Ferencváros, au sud de la ville est un quartier en pleine rénovation. On y trouve la gare routière de Népliget, un véritable palace miroité. Un peu plus loin, le magnifique théâtre national. Un bateau tranquille, qui traîne symboliquement dans ses eaux l'ancien théâtre de la place Blaha, que Kádár, le "dictateur mou" avait fait exploser pour construire le métro. De Ferencváros, les urbanistes hongrois, veulent faire un quartier moderne, un centre culturel, un centre d'affaire au bord du Danube, ce dont témoignent les nombreux chantiers actuels.

Szabadaság Tér, Place de la Liberté, non loin du parlement, porte bien son nom. C'est la place de toutes les libertés, du paradoxe et de l'histoire douloureuse. Le monument aux "glorieux héros soviétiques" fait impudemment face à l'ambassade américaine barricadée. La banque nationale vieux modèle fait face à la futuriste "Citi-Bank", un mini Wall Street de marbre, une galerie où se mélange agences de banques et cafétérias pour cadres.

Une architecture moderne et miroitée (Photographie : Balázs Fekete)

Moderna kaj vitra arkitekturo

Ja Budapeŝto rekoniĝas pro siaj stratoj tiel apartaj, sia habsburga stilo, kiel estus por Parizo post vido de simpla poŝtkarto. Sed la hungaraj arkitektoj, tiom multaj, sekvas siajn ideojn. Kaj la rezulto el tio estas arkitekturo moderna, vitra, granita aŭ marmora.

Ferencváros, je la sudo de la urbo, estas kvartalo tute renoviĝanta. Tie, oni trovas la aŭtobusan stacidomon de Népliget, vera palaco vitrekovrita. Iome pli malproksime, la belega nacia teatro. Trankvila ŝipo, kiu trenas simbole en sia sulko la malnovan teatron de la placo Blaha, kiun Kádár la "mola diktatoro" eksplodigis por konstruigi metroon. De Ferencváros, la hungaraj urbanizistoj volas fari modernan kvartalon, kulturan renkontejon, negocan renkontejon ĉe danuba bordo, pri tio la multaj nunaj konstruaĵoj atestas.

Szabadaság Tér, Placo de la libereco, ne for de la parlamentejo, prave nomiĝas. Ĝi estas la placo de ĉiuj liberecoj, de la paradokso kaj de la doloriga historio. La monumento por la "gloraj sovetaj herooj" staras senhonte antaŭ la usona barikadita ambasadejo. La nacia banko, malnova modelo, staras antaŭ la futurisma "Citi-bank", malgranda Wall Street el marmoro, galerio kie miksiĝas bankaj agentejoj kaj kafeterioj por kadruloj.

Vivre comme des gens libres

Le centre commercial de Westend (Photographie : Balázs Fekete)

Téléphone portable vissé à l'oreille à chaque coin de rue, sur les claviers des cybercafés ou encore se maintenant en forme dans des clubs de fitness ultramodernes, les Hongrois vivent comme ils l'ont toujours souhaité, comme des Occidentaux, ou plutôt des gens libres. Et le soir, ils sortent, profitant de la vie nocturne fourmillante.

Les centres commerciaux sont légion ici, souvent le fruit des investissements étrangers. Imposants, démesurés, on les trouve dans tout Budapest. Le Mammut à Moszkva Tér, au pied du Mont Gellért et du Château de Buda. Deux immenses tours et six étages de galeries commerciales. Le Westend, à côté de la Gare de l'Ouest, un espace commercial sans fin sur quatre étages. Les supermarchés français y ont fait leur nid ; les Auchan, avec d'immenses lignes de caisse, ne se comptent même plus. La Hongrie n'a rien à envier à l'Ouest, ce serait même plutôt le contraire.

Vivi kiel liberaj uloj

Kun poŝtelefono gluita al la orelo ĉe ĉiu stratangulo, antaŭ klavaroj de interretaj kafejoj aŭ ankaŭ konservante bonfarton en modernegaj korpskulptantaj kluboj, la hungaroj vivas kiel ili ĉiam deziris, kiel okcidentuloj, aŭ pli ĝuste kiel liberaj uloj. Kaj vespere, ili eliras, profitante de la svarmanta nokta vivo.

La butikarejoj multas tie ĉi, ofte rezultante de fremdaj investoj. Imponaj, ekscesaj, oni trovas ilin ĉie en Budapeŝto. La Mammut de Moszkva Tér, malsupre de la monto Gellért kaj de la kastelo Buda. Du grandegaj turoj kaj ses etaĝoj da komercaj galerioj. La Westend, ĉe la Okcidenta Stacidomo, komerca kvaretaĝa spaco senfina. La francaj superbazaroj ennestiĝis tie ; la Auchan-oj, kun longegaj vicoj de kasmaŝinoj, ne plu nombreblas. Hungario havas nenion enviindan al Okcidento, eĉ estus pli ĝuste la malo.

Culot architectural et architecture organique

Bien sûr il y a toujours les vieux bus bleus et les mythiques tramways jaunes. Pourquoi les changer ? Ils fonctionnent très bien. On se contente d'en moderniser la carrosserie avec une bonne couche de pub. Quant aux Trabants, les "boîtes à savon", symboles de l'automobile socialiste, on réussira à en trouver une, un après-midi au coin d'une rue, entre les mains d'un collectionneur ou d'un nostalgique.

Culot architectural et regard tourné vers l'avenir, ici on pense à demain. On fait feu de tout bois. Tout est bon à prendre pour construire. "C'est de l'architecture organique, on peut dire", confie une jeune étudiante en architecture. Depuis le premier Mac-Do des années 80, Budapest ose et les investissements étrangers se bousculent à la frontière. Le chemin a été dur. Le clivage politique gauche-droite est une horreur de provocation. Ce que l'un fait, l'autre le défait systématiquement. À l'exemple de l'exposition de 1996. Le premier ministre de centre-droit József Antall souhaitait l'organiser dans le cadre du 1100ème anniversaire de l'État hongrois. Son successeur socialiste, Gyula Horn, ex-communiste, en dénonce "le manque de réalisme" à son arrivée en 1994 et annule tout. L'endroit est aujourd'hui un ensemble de magasins.

Cette nouvelle Budapest, loin de l'image d'antan, attire. 25 % de touristes en plus pour 2003, la visite du Baron Seillière, annonçant enchanté que la Hongrie est un pays d'investissements, tous les espoirs sont désormais permis. Décidément les Hongrois ont de la suite dans les idées.

Dávid Kishegyi

Arkitektura aŭdaco kaj organa arkitekturo

Evidente ekzistas ankoraŭ la malnovaj bluaj aŭtobusoj kaj la mitaj flavaj tramoj. Kial ŝanĝi ilin? Ili tre bone funkcias. Oni nur modernigas la karoserion per dika tavolo da reklamo. Kaj pri la Trabantoj, la "sapaj skatoloj ", simboloj de la sociala aŭtomobilo, oni sukcesos trovi iun, posttagmeze je stratangulo, posedatan de kolektanto aŭ de nostalgiemulo.

Arkitektura aŭdaco kaj rigardo turnita al onteco, tie ĉi oni pensas pri morgaŭ. Oni utiligas ĉiujn rimedojn. Ĉio uzindas por konstrui. "Estas organa arkitekturo, ni povas diri", konfidas juna arkitektura studentino. Ekde la unua Mac-Do de la 80-aj jaroj, Budapeŝto aŭdacas kaj la fremdaj investoj varmas ĉe la landlimo. La vojo estis malfacila. La politika dispartigo maldekstro-dekstro estas horora provoko. Kion iu faras, tion la alia malfaras sisteme. Same kiel, ekzemple, la ekspozicio de 1996. La mezdekstra ĉefministro József Antall deziris organizi ĝin kadre de la 1100-a datreveno de la hungara ŝtato. La sociala posteulo, Gyula Horn, ekskomunisto, denuncas "la mankon de realeco" dum sia alveno en 1994 kaj nuligas ĉion. Hodiaŭ, la ejo estas aro da butikoj.

Tiu nova Budapeŝto, for de la iama bildo, logas. 25% da pliaj turistoj por 2003, vizito de Barono Seillière [traduknoto: prezidanto de la ĉefa franca asocio de entreprenistoj], kontentege anoncanta ke Hungario estas investinda lando, ĉiuj esperoj estas de nun permesataj. Ja la Hungaroj havas sekvindajn ideojn.

Dávid Kishegyi
Tradukis Emmanuel Debanne

Portfolio

Rechercher sur le site

La pensée du jour

"Le projet est le brouillon de l'avenir. Parfois, il faut à l'avenir des centaines de brouillons."

Jules Renard

Participer à cette rubrique

Recevoir notre newsletter