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Des charrettes sur l'autoroute
Ĉaroj sur autovojo

Alors que leur pays intègre l'Union européenne, les agriculteurs roumains font face à de graves problèmes structurels. Représentant 43% de la population nationale, les ruraux sont une population vieillissante, et pas toujours consciente des réalités communautaires qui remplaceront les souvenirs soviétiques.

"L'Union européenne ? Oui, c'est très bien, on va se moderniser, ils vont nous aider à développer l'agriculture et notre niveau de vie va progresser", déclare Stefan Ghita, 73 ans, agriculteur à Salvati Copii, petit village le long d'une route récemment bitumée, à un peu plus d'une heure de la capitale, Bucarest. Il vit seul avec sa femme, en élevant de la volaille et en cultivant son potager. Son voisin, propriétaire de 5 hectares, fait aussi de l'agriculture de subsistance. Quand on lui parle de l'entrée de son pays dans l'UE, il répond : "C'est la loi, on ne discute pas avec ça." Puis il ajoute : "Mais c'est bien, avec les pays développés, on va s'améliorer."

La Mission économique française de Bucarest estime que, sur une superficie agricole totale d'environ 15 millions d'hectares, les deux tiers sont des exploitations de très petite taille (3,2 ha par exploitant en moyenne). Cet émiettement du territoire date de la chute du régime communiste. Adelina Popescu, adjointe au ministre de l'Agriculture sous Ceauşescu, devenue vice-présidente de l'Association des fermiers de Roumanie, explique : "En 1989, les terres de l'État communiste ont été redistribuées aux anciens propriétaires. On a détruit un système, mais sans l'avoir remplacé par des filières organisées."

Dum ilia lando eniras la Eŭropan Union, la rumanaj agrikulturistoj frontas seriozajn strukturproblemojn. Konsistigante 43% de la nacia landanaro, la kamparanoj estas loĝantaro maljuniĝanta, kaj ne ĉiam konscia pri la realaĵoj komunumaj, kiuj anstataŭos la sovetiajn memoraĵojn.

"Eŭropa Unio? Jes, tre bonas, ni moderniĝos, ili helpos al ni disvolvigi agrikulturon kaj nia vivnivelo kreskos", asertas Stefan Ghita, 73-jara, agrikulturisto en Salvati Copii, vilaĝeto ĉe vojo freŝe bitumita, iom pli ol unu horon distance de la ĉefurbo, Bukareŝto. Por vivi, li kaj lia edzino bredas kortobirdojn kaj kultivas sian legomĝardenon. Ankaŭ ilia najbaro, posedanto de 5 hektaroj, zorgas pri agrikulturo kun vivtena celo. Kiam al li oni parolas pri la eniro de lia lando en EU, li respondas: "Tio estas la leĝo, oni ne pridiskutas tion." Kaj li aldonas: "Sed bonas, kun la pliprogresintaj landoj, ni pliboniĝos."

La franca ekonomia Misio de Bukareŝto taksas, ke sur totala agrikultura areo de ĉirkaŭ 15 milionoj da hektaroj, du trionoj konsistas el ekspluatejoj tre malgrandaj (meznombre 3,2 ha por unu ekspluatanto). Tiu multpeceteco de la teritorio datiĝas de la falo de la komunista reĝimo. Adelina Popescu, adjunktino de la ministro pri agrikulturo sub Ceauşescu, fariĝinta vic-prezidantino de la Asocio de la rumaniaj farmistoj, klarigas: "En 1989, la bienoj de la komunista ŝtato estis redistribuataj al la antaŭaj posedantoj. Oni detruis sistemon, tamen sen anstataŭigi ĝin per organizitaj strukturoj."

Sârbi, Roumanie. Retour de marché à travers champs (Crédits photographiques : Kathleen Laraia MacLaughlin)

La Roumanie est une République parlementaire, elle est effectivement membre de l'Union européenne depuis le 1er janvier 2007. C’est un pays relativement jeune : 19,1% des 22 millions de Roumains ont moins de 15 ans ; 38% travaillent dans l’agriculture. Les terres agricoles occupent 40% de la surface du pays, les forêts 28% et les pâturages 20%. Le climat du pays et sa topogaphie en font une région très propice à l'agriculture.

Déficit. Il en résulte un faible taux de productivité. Alors que le secteur emploie 38% de la population, il ne contribue qu'à 13% du PIB. Christophe Manson, chargé du secteur agricole à la Mission économique, est pessimiste : "La situation est très difficile. Il y a un manque d'organisation, de financement et de volonté politique." En 2006, le secteur agroalimentaire a eu un déficit de 1 milliard d'euros. Les prix des denrées posent également problème. Par exemple, Stefan, qui se déplace à cheval pour aller vendre son blé et son maïs, peine à se le faire acheter à un prix raisonnable : "J'ai investi sept millions de lei pour faire du tournesol et on me l'a acheté quatre millions !" Il s'en sort grâce à sa retraite d'ouvrier de 100 euros.

Face à ce constat alarmiste et dans la perspective de l'entrée dans l'UE, des jumelages entre la Roumanie et les pays d'Europe de l'Ouest ont été mis en place. Des techniciens de Charente-Maritime sont par exemple venus transmettre leur savoir à des formateurs roumains. Au ministère de l'Agriculture, un spécialiste français conseille directement le ministre. "Le ministère a du mal à trouver des ingénieurs roumains car ils sont très mal payés, environ 150 euros par mois. Les jeunes diplômés préfèrent travailler dans le privé ou à l'étranger, où ils sont bien mieux rémunérés", souligne Christophe Manson. Le ministère s'en trouve affaibli, et repose sur des euroconseillers.

Malprofito. El tio rezultas malgranda rendimento. Dum tiu ĉi sektoro laborigas 38 % de la loĝantaro, ĝi rezultigas nur 13% de la MEP (Malneta Enlanda Produkto). Christophe Manson, komisiita pri la agrikultura sektoro en la ekonomia Misio, estas pesimista: "La situacio estas tre malfacila. Mankas organizado, monrimedoj kaj politika volo." En 2006, la agronutraĵa sektoro malprofitis je 1 miliardo da eŭroj. Ankaŭ la prezoj de la manĝovaroj konsistigas problemon. Stefan, kiu ĉevalvojaĝas por iri vendi sian tritikon kaj sian maizon, penadas por aĉetigi ĝin kontraŭ konvena prezo: "Mi investis sep milionojn da leoj por kultivi helianton kaj oni de mi aĉetis ĝin kontraŭ kvar milionoj!" Li elturniĝas dank' al sia 100-eŭra laborista pensio.

Fronte al tiu pesimista konstato kaj perspektive al la eniro en EU, ĝemeliĝojn inter Rumanio kaj la Okcident-Eŭropaj landoj oni kreis. Teknikistoj el Charente-Maritime, ekzemple, venis transdiri siajn sciojn al rumanaj instruantoj. En la Ministrejo pri agrikulturo, franca fakulo rekte konsilas la ministron. "La ministrejo penas trovi rumanajn inĝenierojn ĉar ili estas ege malbone pagataj, ĉirkaŭ 150 eŭrojn monate. La junaj diplomitoj preferas labori en la privata sektoro aŭ eksterlande, kie ili estas multe pli bone pagataj", rimarkigas Christophe Manson. La ministrejo pro tio pli malfortas, kaj baziĝas sur eŭrokonsilistoj.

Bougie. Certaines initiatives européennes ont déjà porté leurs fruits. Un projet allemand a ainsi permis le développement du contrôle et de la gestion dans le secteur agricole pour préparer la réception des aides directes européennes. Dans un pays où, en région reculée, certains s'éclairent encore à la bougie, il arrive que des agriculteurs soient peu familiarisés avec la monnaie fiduciaire. Le risque de corruption est donc présent, d'autant plus que la majorité des fermiers ont plus de 50 ans. La Commission européenne sera très vigilante dans ce domaine, elle l'a annoncé fin septembre, en acceptant la Roumanie parmi ses membres. "De toute façon, il va y avoir des contrôles de la Commission, et, si les engagements ne sont pas respectés, les Roumains devront rembourser de grosses sommes. Ils ont tout intérêt à être attentifs", explique Christophe Manson. "Mais, si les contrôleurs sont aussi mal payés que leurs conseillers, ils seront davantage tentés par la corruption", nuance-t-il.

Il va également falloir se plier aux règles de la Commission. Peu d'abattoirs notamment remplissent les normes européennes. Certains craignent par exemple d'avoir à abandonner la pratique traditionnelle de "saignée du cochon" pour des techniques réglementées par l'Union.

Kandeloj. Iuj eŭropaj iniciatoj jam fruktodonis. Germana projekto ebligis la disvolviĝon de la kontrolado kaj administrado en la agrikultura sektoro, por prepari la ricevadon de la eŭropaj rektaj helpoj. En lando, kie en malproksimaj regionoj, iuj plu lumigas al si per kandeloj, foje okazas, ke agrikulturistoj malmulte kutimiĝis al fidata mono. Ĉeestas do korupto-risko, des pli ke plejmultaj farmistoj estas pli ol 50-jaraj. La eŭropa Komisiono estos tre atenta pri tiu temo, tion ĝi anoncis septembro-fine, akceptante Rumanion inter siajn membrojn. "Ĉiel, okazos kontroloj far la Komisiono kaj, se la engaĝiĝoj ne plenumiĝos, la Rumanoj devos repagi grandajn sumojn. Plej interesos ilin, ke ili estu atentaj", klarigas Christophe Manson. "Sed, se la kontrolistoj estos tiom malbone pagataj, kiom iliaj konsilistoj, ili estos pli tentataj al koruptado", precizigas li.

Necesos ankaŭ obei la regulojn de la Komisiono. Interalie malmultaj buĉejoj observas la eŭropajn normojn. Iuj timas, ke ili devos rezigni la tradician farmanieron de "porko-sangeltiro" al teknikoj reglamentataj de la Unio.

Bio. Dans un marché européen qui souffre déjà de surproduction, on ne peut qu'espérer que la Roumanie saura rapidement se moderniser tout en conservant sa spécificité. Certains parlent de développer le secteur bio, non pas pour le marché local, mais à destination des pays nordiques. Ici, il est encore temps de choisir entre une production de masse et une production propre.

Élodie Raitière (CIPUF)

Bio. En eŭropa merkato, kiu jam suferas troproduktadon, oni nur povas esperi, ke Rumanio scipovos rapide moderniĝi samtempe konservante sian specifecon. Iuj parolas pri disvolvigi la bio-sektoron, ne por la loka merkato, sed cele al la nordaj landoj. Tie ĉi, ankoraŭ ne tro malfruas por elekti inter amasa produktado kaj nepoluciata produktado.

Élodie Raitière (CIPUF)
Tradukis Laurent Vignaud

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