AccueilNuméro 2 → Camp de Kakuma

Une minorité dans un camp
Minoritato en tendaro

Dieudonné (nom fictif) est arrivé au camp de réfugiés de Kakuma il y a deux ans pour fuir l'insécurité de son pays, le Congo. Après avoir traversé les étendues ougandaises, burundaises, rwandaises, après un voyage éprouvant et comme bien d'autres, le nouveau réfugié et sa famille ne peuvent retourner dans leur pays. Hier, une maison au Congo, aujourd'hui, une installation de terre dans un désert où les 40 degrés de chaleur et les vents sableux sont choses du quotidien.

Dieudonné (fikcia nomo) alvenis en la tendaron de rifuĝintoj de Kakuma antaŭ du jaroj por forkuri la nesekurecon de sia lando, Kongo. Traveturinte la vastaĵojn ugandajn, burundajn, ruandajn, post elĉerpanta vojaĝo kaj same kiel multaj aliaj, la nova rifuĝinto kaj lia familio ne povas reveni en sian landon. Hieraŭ, domo en Kongo, hodiaŭ, tera loĝejo en dezerto, kie la kvardek gradoj de varmo kaj la sablaj ventoj estas ĉiutagaj aferoj.

Responsable d'une organisation non gouvernementale congolaise accueillant veuves, femmes violées, abandonnées, enfants de la rue, victimes du sida, Dieudonné a été forcé à se réfugier à Kakuma.

Les choses ont commencé à se gâter lors de la création d'un centre d'information pour la paix (CIP). "Notre objectif était de donner de la vraie information à la population locale qui est enclavée, qui n'a pas accès à l'information et qui n'a pas de liberté d'expression", avoue-t-il. Ce babillard aura contribué à creuser les tensions entre les autorités civiles et militaires congolaises et Dieudonné. "Les autorités se sont indignées de mon travail et de voir les différentes réalités de la population", s'enflamme le réfugié.

Respondeculo de konga ne-registara organizaĵo, kiu gastigis vidvinojn, seks-perfortitajn aŭ senhelpajn virinojn, stratajn infanojn, viktimojn de aidoso, Dieudonne devas rifuĝi en Kakuma.

Aferoj ekmalboniĝis ĉe la starigo de centro de informado por la paco (CIP). "Nia celo estis diskonigi veran informon al la loka landanaro, kiu estas izola, kiu ne havas aliron al informo, kaj kiu ne havas esprimliberon", li konfesas. Tiu babilejo kontribuis al streĉigo de rilatoj inter la civilaj kaj militaj kongaj aŭtoritatoj kaj Dieudonné. "La aŭtoritatoj indignis pri mia laboro kaj pro vidado de malsamaj realecoj de la loĝantaro", ekflamas la rifuĝinto.

Le 27 juillet 2005, Dieudonné entreprend un dernier projet en faveur des vulnérables en sol congolais. Le soir même, des hommes armés pénètrent dans sa maison, le torturent, puis violent sa femme. "Mais, pourquoi, toi, petit, tu dois jouer avec nos têtes, me criaient-ils", raconte le Congolais.

Réfugiée à l'hôpital, la petite famille espère trouver du soutien auprès d'amis proches. Malheureusement, un des leurs se fait assassiner quelques jours plus tard. Cette affaire forcera la famille à quitter le Congo. "J'ai paniqué. J'avais la nausée à l'idée de rester dans ce pays", se rappelle le réfugié.

Conduite par différents chauffeurs et après plusieurs transits sur les routes, la famille de Dieudonné est arrivée au camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya.

La 27an de julio 2005, Dieudonné ekas lastan projekton favore al la vundebluloj sur konga grundo. La tujan vesperon armitaj homoj eniras lian domon, lin torturas kaj poste seksperfortas lian edzinon. "Sed kial vi, malgrandulo, vi ludas per niaj kapoj, ili kriis al mi", rakontas la Kongolandano.

Rifuĝinta en la malsanulejon, la malgranda familio esperas trovi subtenon ĉe proksimaj amikoj. Malfeliĉe, unu el ili estas murdita kelkajn tagojn poste. Ĉi tiu evento devigas la familion forlasi la Kongolandon. "Mi panikis. Mi sentis naŭzon pri la ideo resti en tiu lando", memoras la rifuĝinto.

Kondukita de diversaj ŝoforoj kaj post pluraj transitoj sur la vojoj, la familio de Dieudonné alvenis en la tendaron de rifuĝintoj de Kakuma, en Kenjo.

Mauritanie, 1999. Rapatriement de réfugiés maliens vers leur région d'origine, Tombouctou (Crédits photographiques : Alain Kazinierakis)

L'histoire de Dieudonné n'est qu'une parmi tant d'autres. Les Congolais représentent un mince pourcentage du nombre total de réfugiés. Or leur situation minoritaire dans les camps constitue un défi de plus : les organisations non-gouvernementales (ONG) présentes sur le terrain doivent jongler avec les besoins spécifiques des différentes ethnies. "C'est une situation très délicate. Ils ont sans aucun doute des besoins spécifiques mais il ne faut pas marginaliser les minorités en leur donnant davantage d'attention", affirme le gestionnaire du projet d'assistance aux réfugiés de Care, Gordon Denoon.

Du fait des conflits violents entre leurs pays d'origine, comme la guerre en Somalie opposant gouvernements éthiopien, transitoire, érythréen et islamiste, des tensions peuvent survenir entre les occupants des camps. "Nous vivons dans un environnement hostile, le climat est lourd mais la majorité des réfugiés dépendent l'un de l'autre pour survivre", explique Gordon Denoon, conĝant dans la relation entre réfugiés, en dépit de leurs oppositions politiques.

La historio de Dieudonné estas nur unu meze de multaj. La Kongolandanoj konstituas maldikan procenton de la tuta nombro de rifuĝintoj. Sed ilia minoritata pozicio estas plia defio : la ne-registaraj organizaĵoj (NRO) ĉeestantaj sur la tereno devas ĵongli kun la propraj bezonoj de la diversaj etnoj. "Tio estas delikata situacio. Ili certe havas proprajn bezonojn, sed ni devas ne ekskluzivi la minoritatojn donante al ili pli da atento", asertas la administranto de la projekto de asistado al rifuĝintoj de Care, Gordon Denoon.

Pro la fortegaj konfliktoj inter iliaj devenaj landoj, kiel la somala milito inter la estraroj etiopa, provizora, eritrea kaj islamista, streĉoj povas ekaperi inter la loĝantoj de la tendaroj. "Ni vivas en malamika medio, la klimato estas peza sed la plejmulto el la rifuĝintoj dependas unu de la alia por supervivi", klarigas Gordon Denoon, konfidema al la rilato inter rifuĝintoj spite iliaj politikaj kontraŭstaroj.

Loin de Kakuma, le Congo de Dieudonné s'enfonce, victime de ses ressources naturelles et de l'incapacité de ses gouvernements à les gérer. En 1994, suite au génocide rwandais, les autorités congolaises n'ont pas su contrôler l'afflux de réfugiés. Responsables, victimes et participants à l'un des conflits les plus meurtriers du 20e siècle ont traversé les frontières avec pour seuls bagages leurs modes de gouvernance, leurs cultures et leurs idéaux politiques. Des conflits ont rapidement éclaté pour le contrôle des ressources naturelles.

Et aujourd'hui encore, seigneurs de guerre, gouvernement et autorités tentent de régner sur un pays chaotique et divisé.

Marie-Hélène Lafond

Malproksime de Kakuma, la Kongolando de Dieudonné sinkas, viktimo de siaj naturaj riĉfontoj kaj de la nekapableco de siaj estraroj mastrumi ilin. En 1994, sekve de la ruanda genocido, la kongaj aŭtoritatoj ne kapablis kontroli la alfluon de elmigrintoj. Respondeculoj, viktimoj kaj partoprenantoj en unu el la plej mortigaj konfliktoj de la 20a jarcento trapasis limojn kun siaj regadmanieroj, siaj kulturoj kaj siaj politikaj idealoj kiel nuraj pakaĵoj. Konfliktoj rapide ekestis por la kontrolo de la naturaj riĉfontoj.

Kaj ankoraŭ hodiaŭ, milito-moŝtuloj, estraro kaj aŭtoritatoj klopodas por reĝi super kaosa kaj disigita lando.

Marie-Hélène Lafond
Tradukis Guillaume Roussel

NB : La revue Hadès, membre du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF), re-diffuse ici un reportage réalisé grâce aux contributions de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et du CIPUF. Deux organisations à découvrir sur leurs sites respectifs : www.acdi-cida.gc.ca et www.cipuf.org.


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