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Joyeux Noël ?
Ĝojan Kristnaskon?

Pour beaucoup, Noël signifie réunions de familles autour du sapin. Pas pour tous. Pour cause d'examens ou billets d'avions trop coûteux, certains étudiants passeront Noël non pas en famille, mais à la cité universitaire. Récit d'un Noël à la fac par les étudiants.

Aron, 24 ans, est étudiant en histoire à Paris 7. Il passera Noël pour la première fois loin de ses parents. (Crédits photographiques : Julien Hekimian)

Noël, ce n'est pas un cadeau pour tout le monde. En France, des centaines, peut-être des milliers d'étudiants passeront, cette année encore, les fêtes loin de leurs familles. Voyage trop long ou trop cher, problèmes pratiques liés à la préparation des examens : les obstacles à ces retrouvailles festives ne manquent pas - pour les étrangers, notamment - quand il ne s'agit pas d'un choix délibéré.

Ce dernier cas, rare il est vrai, Audrey le connaît bien et rumine la question dans les volutes fumantes d'un thé, assise au fond d'un petit bar montmartrois, loin de la Sorbonne où elle planche sur sa licence de Lettres Modernes. Elle a voulu qu'on modifie son prénom, a refusé toute photo... Et pour cause : "Je suis en conflit avec mes parents, qui sont installés dans le sud de la France. Ils n'acceptent pas mon petit copain. Alors, cette année, ce sera lui mon cadeau, mon père Noël, ma famille." Elle sourit douloureusement, relève une mèche brune qui chatouillait sa frimousse de gamine. Il y aura du bonheur, c'est sûr, le 24 décembre, dans sa studette parisienne. Mais aussi, parions-le, un arrière-goût de larmes au micro-festin qu'elle s'est promis de préparer, bien loin des exploits culinaires de sa maman.

Por multaj homoj, Kristnasko signifas familiajn kuniĝojn ĉirkaŭ la abio. Ne ĉiuj samopinias. Pro ekzamenoj aŭ tro kostaj aviadil-biletoj, kelkaj studentoj pasigos Kristnaskon for de siaj familioj, en la universitata domaro. Rakonto pri Kristnasko en la fakultatoj far la studentoj.

Krisnasko, tio ne estas donaco por ĉiuj. En Francio, centoj, eble miloj da studentoj pasigos, ĉijare denove, la (jarfinajn) festojn for de siaj familioj. Tro longa aŭ tro kosta vojaĝo, praktikaj problemoj ligitaj al la preparado por la ekzamenoj: la obstakloj antaŭ tiuj festaj rekuniĝoj ne mankas - por la eksterlandanoj, interalie - kiam ne temas pri libervola elekto.

Tiun ĉi kazon, ja maloftan, Audrey bone konas kaj remaĉas la demandon en la fumaj spiralaĵoj de teo, sidante en fundo de trinkejeto de Montmartre, for de la Sorbonne, kie ŝi ŝvit-studas super sia modern-beletra licencio. Ŝi volis, ke oni modifu ŝian propran nomon, rifuzis ĉian foton... Pro tio : "Mi konfliktas kun miaj gepatroj, kiuj instaliĝis en sudan Francion. Ili ne akceptas mian koramikon. Do, ĉijare, estos li mia donaco, mia Kristnaska Viro, mia familio." Ŝi dolore ridetas, relevas brunan meĉon, kiu tiklis ŝian knabinan vizaĝeton. Estos feliĉo, certe, la 24an de Decembro, en ŝia Pariza loĝejeto. Sed ankaŭ, ni vetu tion, postgusto de larmoj en la festeneto, kiun ŝi promesis al si prepari, tiom for de la kuirartaj prodaĵoj de sia panjo.

Chassé-croisé planétaire

Changement de décor: la Cité Universitaire Internationale de Paris. Belle Babel du XIVe arrondissement où se croisent, papotent et baragouinent milles expatriés des études.

Dans ce chassé-croisé planétaire qui s'organise autour de "maisons" (Argentine, États-Unis, Cuba, etc.), comment ne pas remarquer cette jeune-fille, recroquevillée sur les marches du bureau de Poste de la CIUP ? Elle s'appelle Claudia. Elle est Colombienne et elle a froid. Il n'y a pas que le climat parisien pour expliquer ce quelque chose qui, dans ses yeux, fait mal, comme le disait Berger, Michel, quand il voulait "chanter pour ceux qui sont loin de chez eux". Pas bête, la bluette pop, finalement.

Claudia raconte, hésitante : "Ca fait 6 mois que je suis en France. Je ne peux pas rejoindre ma famille...Ni à Noël, ni pour le 1er de l'an. Le billet d'avion coûte 900 euros. Ce n'est pas dans mes moyens... C'est la première fois..." Et de se rappeler, amère, la vingtaine d'années qui ont précédé son exil parisien, "les tantes, les frères et soeurs, mes parents réunis". Peut-être a-t-elle prévu quelque chose à Paris ? "Non. Je n'ai pas beaucoup d'amis. Je me sens très seule. Vous savez, ici, les gens sont un peu...froids."

Plutôt triste, Claudia ne rejoindra pas pour Noël comme pour le jour de l'an sa Colombie natale. Un billet d'avion à 900€ est un cadeau qu'elle ne peut s'offrir. (Crédits photographiques : Julien Hekimian)

Ĉirkaŭplaneda interkruciĝado

Tute alia kadro : la Pariza Internacia Universitata Domaro. Bela Babelo de la 14a distrikto, kie interkruciĝas, babilas kaj parolaĉas mil studantaj formigrintoj.

En tiu ĉirkaŭplaneda interkruciĝado, kiu organiziĝas ĉirkaŭ "hejmoj" (Argentino, Usono, Kubo, ktp.), kiel ne ekvidi tiun junan knabinon kuntiriĝintan sur la ŝtupoj al la poŝtoficejo de la PIUD ? Ŝi nomiĝas Claudia. Ŝi estas kolombianino kaj ŝi suferas malvarmon. Ne nur tiu Pariza klimato eksplikas tiun ion, kiu, en ŝiaj okuloj, dolorigas, kiel diris Berger, Michel, kiam li volis "kanti por tiuj, kiuj estas for de sia hejmo". Ne maltrafa, la popa kanzoneto, finfine.

Claudia rakontas, ŝanceliĝe : "De ses monatoj mi estas en Francio. Mi ne povas reiri kun mia familio... Nek Kristnaske, nek Novjare. La aviadil-bileto kostas 900 eŭrojn. Mi ne havas sufiĉe da monrimedoj... Tio estas la unua fojo..." Kaj ŝi memoras, amara, la dudekon da jaroj, kiuj antaŭis ŝian Parizan ekzilon, "la onklinojn, la gefratojn, miajn gepatrojn kunvenintajn." Ĉu eble ŝi antaŭvidis ion en Parizo ? "Ne. Mi ne havas multajn amikojn... Mi sentas min tre sola. Vi scias, ĉi tie, la homoj estas iom... malvarmaj."

Déléguée extérieure des Comités de résidents de la Cité Internationale Universitaire de Paris (CIUP), Lavinia explique : 'On fera une fête ici pour le nouvel an !' (Crédits photographiques : Julien Hekimian)

Chacun de leur côté

Et puis un sourire. Celui de Lavinia, joviale Roumaine "déléguée extérieure des Comités de résidents" qui, dans le hall principal de la cité, s'active derrière un stand de souvenirs. Un de ses potes, Black, arbore plein d'humour un bonnet de Père Noël. "Nous organisons, dans la maison Deutsch de la Meuse, une soirée dansante pour le soir du nouvel an. Il y aura au moins une vingtaine de personnes. Pour Noël, rien n'est prévu. Les gens s'occupent chacun de leur côé. Ce n'est pas une fête de copains même si beaucoup seront coincés ici."

Pas de malaise pour le Malais Aron, étudiant en histoire à Paris VII. Rigolard, il raconte: "C'est la première fois que je ne suis pas avec mes parents en cette occasion. Mais ma maîtrise ne me laisse de temps pour faire le voyage". La fête compte pourtant pour lui. Il est chrétien.

Le brillant Farid, 31 ans, à qui on peut programmer une belle carrière d'ingénieur dans sa spécialité, l'informatique, est musulman. N'allez pas conclure pour autant que son deuxième Noël loin de sa chaleureuse Algérie le laisse de glace. "Ce n'est pas une question de religion, de nationalité. Quand on est loin de sa maman, en telle période, alors qu'ici tout le monde est réuni en famille, c'est très pénible." Son visage s'éclaire : "Cette année, ma mère vient en France ! Celle de ma copine, une américaine, aussi. C'est la première fois qu'elles vont se rencontrer !" Joyeux Noël, Farid !

Jean- Frédéric Tronche

Ĉiu siaflanke

Kaj sekvas rideto. Tiu de Lavinia, gaja rumanino, "ekstera delegitino de la Komitatoj de enloĝantoj", kiu, en la ĉefhalo de la Domaro, aktiviĝas malantaŭ budo de memoraĵoj. Unu el ŝiaj agad-amikoj, nigrulo, humurplene elmontras Kristnaskviran ĉapon. "Ni organizas en la Domo Deutsch de la Meuse dancbalon por la novjara vespero. Estos almenaŭ dudeko da personoj. Por Kristnasko, nenio estas antaŭvidita. Ĉiuj homoj okupiĝas siaflanke. Ne estos amikara festo eĉ se multaj estos blokitaj ĉi tie."

Neniu ĝeno por la malajo Aron, studento pri historio en 'Parizo VII'. Ridema, li rakontas: "Unuafoje mi ne estas kun miaj gepatroj tiuokaze. Sed mia magistreco ne lasas al mi sufiĉe da tempon por fari la vojaĝon." La festo tamen gravas por li. Li estas kristano.

La brila Farid, 31-jaraĝa, al kiu oni povas aŭguri belan karieron de inĝeniero en sia fako, informaiko, estas islamano. Tamen ne konkludu, ke lia dua 'Kristnasko' for de lia korega Alĝerio lasas lin indiferenta. Ne temas pri religio, pri nacieco. Kiam oni estas for de sia panjo, en tia periodo, dum ĉi tie ĉiuj kunvenas en familio, tio estas tre peniga. Lia vizaĝo lumiĝas: "Ĉijare, mia patrino venos en Francion! Tiu de mia koramikino, usonanino, ankaŭ. Unuafoje ili renkontiĝos !" Ĝojan Kristnaskon, Farid!

Jean- Frédéric Tronche
Tradukis Jean Lazert

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